Une guerre imaginaire, mais une véritable épreuve pour les soldats français

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La semaine dernière, la France a lancé Orion 23, un exercice militaire d’un mois impliquant des milliers de soldats, de véhicules navals et terrestres, d’avions et de porte-avions. L’exercice militaire conjoint était en préparation depuis 2020, mais alors que les puissances occidentales tiraient les leçons de la guerre en Ukraine, Orion 23 est devenu plus grand, plus ambitieux, multidimensionnel et a attiré les principaux alliés de la France.

Il était à peine cinq heures du matin dimanche lorsque la ville de Frontignan, dans le sud de la France, a été inondée de troupes alors que des navires de guerre débarquaient sur ses côtes, déchaînant des centaines de soldats et des tonnes de matériel lourd.

“C’est définitivement le débarquement de l’armée française qui est réconfortant maintenant”, a déclaré un habitant lors d’une promenade matinale. “Cela crée une atmosphère un peu bizarre, dont nous ne voudrions pas régulièrement”, a déclaré un autre avec un sourire nerveux.

Les Frontignanais n’avaient rien à craindre. Le débarquement dans la ville méditerranéenne n’était qu’une partie des plus grands jeux de guerre de la France depuis des décennies, impliquant quelque 12 000 soldats de l’OTAN, y compris des alliés, se déroulant à travers le pays.

L’exercice conjoint, baptisé Orion 23, intervient alors que la guerre en Ukraine entre dans sa deuxième année, les nations occidentales apprenant des leçons sobres sur la préparation militaire après des décennies de coupes dans le budget de la défense depuis la fin de la guerre froide.

L’exercice militaire, qui était en cours depuis 2020, a été élargi après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février de l’année dernière.

“Le conflit en Ukraine nous a appris la guerre intense”, c’est-à-dire “sur tout le spectre de la guerre moderne”, a expliqué le général Nicolas Le Nen, commandant de l’exercice conjoint.

Des opérations anti-jihadistes au combat grandeur nature

Après plusieurs mois de remaniement du plan initial, Orion 23 a véritablement démarré ce week-end avec une campagne aérienne massive samedi dans le sud du Tarn en France, suivie de 700 soldats et 150 véhicules à Frontignan dimanche.


“Les dernières opérations amphibies menées par la France ont été des évacuations de ressortissants français au Yémen en 2015 et avant celle en Côte d’Ivoire en 2012”, a rappelé le lieutenant Dewy, commandant de la flotte activée dimanche.

Après plus de deux décennies à se concentrer sur les opérations anti-djihadistes, l’armée française a élargi le champ de ses exercices pour inclure le combat à grande échelle. Pour les troupes françaises, la dernière opération sur un véritable théâtre de guerre remonte à l’opération Serval en 2013, lorsque les troupes françaises ont lancé une mission pour chasser les militants islamistes du nord du Mali.

“Une telle préparation est absolument essentielle et j’espère qu’elle sera rétablie à l’avenir afin que nous retrouvions la connaissance du commandement de grandes forces interarmées que nous avons perdue parce que nous nous sommes concentrés sur des opérations étroites dans de petits espaces avec un équipement relativement limité.” au cours des deux dernières décennies », a expliqué le général Vincent Desportes dans une interview accordée à la station sœur de FRANCE 24, Radio France Internationale (RFI).

De nombreuses menaces dans les fictions “Arnland” et “Mercure”

Pour les besoins des jeux de guerre de ce week-end, les troupes françaises débarquaient sur “Arnland” – une nation alliée imaginaire – qui était attaquée par son voisin imaginaire “Mercure”.

Mercure, l’ennemi supposé, a des ambitions stratégiques et géopolitiques qui peuvent sembler familières à ceux qui ont suivi l’actualité au cours des 12 derniers mois : il tente d’affirmer sa domination régionale en finançant une force séparatiste pour déstabiliser la partie sud de l’Arnarland. Il a déployé des forces conventionnelles chez son voisin, coupé les communications et lancé une campagne de désinformation.

Arnland, faible et au bord de l’effondrement, a demandé de l’aide à ses alliés.

Au cours de l’exercice, des cyberattaques testeront également les réactions des soldats, a expliqué le capitaine Olivier du commandement cyber. Dans un réseau social simulé, “nous créons des récits pour ne pas laisser le récit de l’adversaire diriger l’histoire”, a-t-il ajouté.

Sur terre, en mer, dans les airs, dans l’espace et dans le cyberespace, les scénarios de formation sont conçus pour faire face à une variété de réponses aux menaces dans ce que le président français Emmanuel Macron a appelé une “nouvelle ère” de guerre de plus en plus hybride.

“Défis du siècle”

L’Orion 23 intervient quelques semaines après que Macron a dévoilé sa vision de la modernisation de l’armée française avec une augmentation des dépenses de défense à 413 milliards d’euros (446 milliards de dollars) pour la période 2024-2030, contre 295 milliards d’euros alloués dans le budget précédent.

“La France a et aura une armée prête à relever les défis du siècle”, a déclaré Macron dans son discours du Nouvel An aux militaires à la base aérienne de Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France.


Les ambitions du gouvernement français sont à la fois de moderniser les forces armées et de reconstituer ses stocks de munitions, qui ont atteint des niveaux qui seraient “inquiétants” en cas de conflit majeur, selon un rapport parlementaire rendu public le 17 février.

Le rapport, produit par la commission de la défense et des affaires militaires de la chambre basse de l’Assemblée nationale, met en garde contre une approche trop sévère d’un problème mis en évidence par la guerre en Ukraine. “L’approvisionnement en missiles de l’armée française diminue depuis la fin de la guerre froide et semble être devenu insoutenable, tant au regard de la politique actuelle que des ambitions militaires de la France”, ont écrit les députés Vincent Bru et Julien Rancoule.

Mais les derniers exercices militaires ne manquent ni d’ambition ni de moyens. D’un coût estimé à 35 millions d’euros, Orion 23 est construit à une échelle sans précédent.

Les exercices impliquent du personnel de divers pays européens, dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas – ainsi que les États-Unis.

Les jeux de guerre se déroulent en quatre phases au cours des prochains mois. Suite aux opérations de ce week-end, qui faisaient partie des opérations de la phase 2 suivant la planification de la phase 1, les troupes françaises mèneront des jeux de guerre dans la région du massif de la Gardiole au nord de Frontignan jusqu’au 11 mars.

Une troisième phase civilo-militaire qui se concentre sur les opérations civiles de soutien aux militaires en cas de conflit majeur (santé, transport, etc.), les réserves et la guerre de l’information durera jusqu’en mars.

Le pic de l’exercice devrait intervenir au printemps, de fin avril à début mai, dans le nord-est de la France. Au total, environ 12 000 hommes seront déployés au sol et dans les airs pour repousser une importante invasion aéroterrestre d'”Arnland” par “Mercure”.

Prévu pour s’achever en mai, l’exercice devrait mobiliser à terme 2.300 véhicules, 40 hélicoptères, une centaine de drones et 30 navires de guerre, dont le porte-avions Charles de Gaulle.

(par AFP)

Cet article est une traduction de l’original en français.



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